La Cour de cassation marocaine a confirmé les lourdes peines prononcées à l'encontre des prisonniers dits de Gdeim Izik. Le groupe a participé à la manifestation contre l'exclusion socio-économique au Sahara occidental en 2010.
Le 25 novembre, la Cour de cassation marocaine a annoncé sa décision controversée dans l'affaire kafkaïenne contre les soi-disant prisonniers de Gdeim Izik. Le groupe a été emprisonné à la suite des événements de Gdeim Izik en 2010.
Dans sa décision, la Cour de cassation a confirmé le verdict rendu par la Cour d'appel en 2017, confirmant ainsi les peines - allant de 20 ans à la prison à vie - sur la base d'aveux signés sous la torture.
Le 21 octobre, le tribunal avait annoncé de manière inattendue qu'il acceptait un appel que les avocates de la défense avaient déposé au nom des prisonniers de Gdeim Izik trois ans plus tôt, à l'automne 2017. L'acceptation soudaine et inattendue de l'affaire serait liée au début des manifestations dans la région de Guerguerat par des civils sahraouis, bloquant la route commerciale du Maroc vers la Mauritanie.
L'audience de l'affaire s'est tenue le 4 novembre. Les avocates de la défense ont alors plaidé pour l'annulation du jugement en raison de l'utilisation d'aveux signés sous la torture comme principale preuve contre les accusés. Le tribunal a confirmé que les arguments des avocates sahraouies étaient fondés et qu'une décision serait rendue le 25 novembre 2020.
Les médias sahraouis et les défenseurs des droits humains sont convaincus que l'arrêt rendu par la Cour de cassation est lié à la reprise récente de la guerre entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario.
Les prisonniers de Gdeim Izik sont journalistes, militants politiques, défenseurs des droits humains et membres du comité de dialogue du camp de Gdeim Izik en 2010. Le camp de Gdeim Izik a marqué le début du printemps arabe dans la région et aurait compté des milliers de manifestants sahraouis.
Plus tôt cette année, WSRW a publié un article détaillé sur le procès et les prisonniers.
La détention arbitraire des prisonniers de Gdeim Izik a été, entre autres, traitée dans une communication publiée par les Procédures spéciales des Nations Unies le 20 juillet 2017 (AL Mar 3/2017), signée par le Groupe de travail sur la détention arbitraire, le Rapporteur spécial sur la liberté d'expression, le Rapporteur spécial sur les défenseurs·ses des droits humains, le Rapporteur spécial sur l'indépendance des juges et des avocats et le Rapporteur spécial sur la torture. Le texte souligne que le groupe de défenseurs sahraouis des droits humains a été arrêté et détenu en réaction à leur liberté d'expression et leur liberté de réunion dans le camp de Gdeim Izik.
Western Sahara Resource Watch appelle à la libération immédiate et inconditionnelle du groupe de militants sahraouis de premier plan qui ont été arrêtés en 2010 pour avoir revendiqué le respect des droits socio-économiques du peuple sahraoui.
Le verdict est rendu après des années de mise en cause des motifs politiques du procès, emprisonnant des militants opposés à la discrimination sociale et économique des Sahraouis par le Maroc.
Le 24 février, un groupe de prisonniers politiques sahraouis a débuté une grève de la faim pour que le gouvernement marocain réponde à leur demande d'appel. Certains sont condamnés à perpétuité pour leur participation à la manifestation populaire de 2010 contre la marginalisation par le Maroc de la population du territoire du Sahara Occidental.